Comment les nutriments naturels aident à stabiliser la glycémie

Une glycémie stable repose sur plusieurs piliers biochimiques : limiter les pics glycémiques après chaque repas et renforcer la sensibilité à l’insuline au niveau cellulaire. Les phytonutriments issus de plantes – comme l’extrait de feuille de mûrier blanc, l’extrait de thé vert, la berbérine, le chrome (picolinate), le D-chiro-inositol, le myo-inositol et l’acide alpha-lipoïque, interviennent à différents stades de la régulation du glucose. En complément d’une alimentation équilibrée et d’un mode de vie actif, ils représentent un atout majeur pour prévenir la résistance à l’insuline, réduire le risque de diabète et maintenir une énergie durable au quotidien.

 

Un métabolisme du glucose sain

Pour conserver une glycémie stable et une sensibilité à l’insuline optimale, il est crucial de limiter les fluctuations glycémiques qui génèrent du stress oxydatif, de l’inflammation chronique et des déséquilibres de l’axe neuro-endocrinien. En améliorant cette sensibilité, les cellules captent et utilisent le glucose plus efficacement : non seulement cela favorise un métabolisme énergétique performant, mais cela contribue aussi à la prévention de l’obésité, à la régulation de l’appétit et à la santé cardiovasculaire.

 Agir sur ces leviers biochimiques est une stratégie précieuse en pratique thérapeutique pour réduire le risque de diabète et préserver vos performances mentales et physiques.

 

Feuille de mûrier blanc : frein naturel aux pics glycémiques

L’extrait de feuille de mûrier blanc (Reducose®) est un allié naturel pour maîtriser les pics glycémiques post-prandiaux. Dans une étude double-aveugle et contrôlée par placebo (Thondre et al.), menée auprès de 38 volontaires sains, ce même extrait (Morus alba L., Reducose®) a montré une baisse de la réponse glycémique et insulinique post-prandiale après ingestion de 75g de saccharose :

• - 42% de réponse glycémique post-repas

• - 41% de réponse insulinique post-repas

Le mécanisme d’action de Reducose®, riche en 1-déoxynojirimycine, repose sur l’inhibition des enzymes α-glucosidases de l’intestin grêle, ralentissant la dégradation des sucres et leur passage dans la circulation sanguine. Cela se traduit par une limitation de l’incrétinémie (GLP-1), des pics d’insuline atténués, une glycémie plus stable et une sensation de satiété durable (jusqu’à 65% de GLP-1 en plus).

L’extrait de feuilles de mûrier blanc, standardisé en 1-déoxynojirimycine (DNJ), ne présente aucun effet secondaire et peut être utilisé à visée thérapeutique en cas d’hyperglycémie postprandiale, de prédiabète et de syndrome métabolique afin d’obtenir une glycémie plus stable et un meilleur équilibre énergétique. Il prolonge la sensation de satiété et réduit les envies de grignotage. Pour un effet optimal, il est recommandé de le prendre peu avant un repas riche en glucides.

 

Thé vert : des catéchines pour la glycémie et la combustion des graisses

Le thé vert (Camellia sinensis) agit à plusieurs niveaux dans la régulation de la glycémie. Ses polyphénols, notamment l’EGCG, réduisent l’absorption intestinale du glucose en modulant l’activité des transporteurs de glucose et d’enzymes digestives comme l’α-amylase et la glucosidase.

Les catéchines activent également l’enzyme AMPK dans le foie et les muscles, ce qui diminue la production hépatique de glucose (gluconéogenèse) et améliore la sensibilité à l’insuline. Une consommation quotidienne de 300 à 900 mg de catéchines (équivalent à 3 à 4 tasses de thé vert) permettrait ainsi de réduire la glycémie à jeun et les taux d’insuline, avec à la clé un effet préventif contre le diabète de type 2 (Yang et al.).

D'autres études (Rondanelli et al.) soulignent un effet métabolique complémentaire : une prise quotidienne de 57 à 75 mg d’EGCG favorise la lipolyse, poussant l’organisme à puiser davantage d’énergie dans les graisses plutôt que dans les glucides. Résultats observés chez les femmes : réduction de la graisse abdominale, tour de taille affiné, amélioration de la sensibilité à l’insuline (score HOMA), baisse des marqueurs inflammatoires liés aux adipocytes (CRP) et hausse de l’adiponectine.

En seulement deux mois, une supplémentation en extrait de thé vert pourrait ainsi favoriser un retour à un profil métabolique plus sain au niveau du tissu adipeux, en ciblant à la fois la régulation glycémique, la composition corporelle et l’inflammation de bas grade.

 

Berbérine : un actif végétal multifonction pour la régulation glycémique 

La berbérine, un alcaloïde bioactif issu du Berberis vulgaris, est l'une des substances végétales les plus étudiées pour son effet hypoglycémiant. Des études cliniques (Sartore et al.) menées chez des personnes atteintes de diabète de type 2 ont montré que la berbérine :  

  • module l’inflammation et le stress oxydatif,

  • améliore la sensibilité à l’insuline,

  • réduit les taux de glucose et de cholestérol.

La berbérine agit à plusieurs niveaux :

  • Stimulation de la sécrétion d’insuline et amélioration de la fonction des cellules β pancréatiques,

  • Augmentation du GLP-1 au niveau intestinal,

  • Ralentissement de l’absorption intestinale du glucose,

  • Inhibition de la gluconéogenèse hépatique via la régulation de l’expression des récepteurs PPAR,

  • Activation de la glycolyse dans les cellules périphériques,

  • Soutien à l’équilibre du microbiote intestinal.

Grâce à cette action multifactorielle, la berbérine offre une approche intégrative de la régulation glycémique.

 

Chrome (picolinate) : soutien de l’insuline et de l’homéostasie glycémique 

Le chrome, notamment sous sa forme picolinate, est connu pour renforcer l’action de l’insuline au niveau cellulaire. Des études (Sartore et al.) mettent en évidence ses effets bénéfiques sur :

• la tolérance au glucose,

• les marqueurs de stress oxydatif et d’inflammation,

• les paramètres glycémiques clés.

Dans le cadre d’une approche nutraceutique ciblée, notamment chez les patients atteints de diabète de type 2, le chrome picolinate constitue une option complémentaire intéressante. Son effet sensibilisateur à l’insuline en fait un allié potentiel dans l’amélioration de la réponse glycémique, en synergie avec d’autres actifs métaboliques.

Le chrome et la vitamine D3 se renforcent mutuellement

Une étude menée chez des patients atteints de diabète de type 2 a comparé les effets d’une supplémentation en chrome picolinate (500 µg/jour), en vitamine D3 (50 000 UI/semaine) ou de leur combinaison sur la résistance à l’insuline (HOMA-IR), la glycémie à jeun, l’HbA1c, le TNF-α et le profil lipidique. Après quatre mois, les résultats sont clairs : le chrome, seul ou associé à la vitamine D3, stabilise l’indice HOMA-IR, tandis que ce paramètre augmentait dans les groupes placebo et vitamine D3 seule. En parallèle, le TNF-α – cytokine pro-inflammatoire – diminue significativement dans tous les groupes traités.

Cette synergie entre chrome et vitamine D3 démontre un effet bénéfique sur la sensibilité à l’insuline, en réduisant la charge inflammatoire. Une approche combinée qui agit à la fois sur l’axe métabolique et inflammatoire chez les patients diabétiques.

 

D-chiro-inositol et acide alpha-lipoïque : intérêt en cas de SOPK et de résistance à l’insuline

Chez les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), la résistance à l’insuline est un facteur physiopathologique clé, souvent sous-estimé. Une étude clinique (Fruzzetti et al.) a évalué l’effet d’une supplémentation combinée en D-chiro-inositol et en acide alpha-lipoïque sur la régularité du cycle menstruel et l’équilibre métabolique chez des femmes atteintes de SOPK.

Résultats après 6 mois :

  • Le pourcentage de femmes ayant un cycle menstruel régulier est passé de 29% à 77%,

  • Une ovulation a été rétablie chez 40% des participantes.

  • Action sur les paramètres métaboliques : la sécrétion d’insuline et le score HOMA-IR se sont significativement améliorés,

  • Réduction modérée mais significative de l’IMC.

Cette combinaison constitue une option nutraceutique pertinente pour améliorer la sensibilité à l’insuline, restaurer l’équilibre hormonal et accompagner efficacement les femmes présentant un SOPK. Un levier intéressant dans une approche globale.

 

Myo-inositol et D-chiro-inositol : deux mécanismes complémentaires vers une meilleure sensibilité à l'insuline

Myo-inositol et D-chiro-inositol agissent de manière synergique pour soutenir l’action de l’insuline via des voies métaboliques distinctes (Bizzarri et al.).

Le myo-inositol favorise l'absorption du glucose par les cellules en facilitant le transport du GLUT-4 vers la membrane cellulaire. Il freine également la libération des acides gras libres et soutient plusieurs voies de signalisation clés impliquées dans la sensibilité à l’insuline.

Le D-chiro-inositol, de son côté, intervient principalement dans la métabolisation du glucose dans les cellules musculaires et hépatiques, où il stimule la conversion du glucose en énergie (ATP) via le cycle de l'acide citrique.

Ensemble, ces deux molécules influencent les voies PI3K/AKT et GSK3β, mimant ainsi partiellement l’effet de l’insuline. À cela s’ajoute une action spécifique du myo-inositol : il inhibe IP6K1, une enzyme qui diminue la sensibilité à l’insuline et est liée à une prise de poids et à une résistance métabolique.

Grâce à cette complémentarité, le myo- et le D-chiro-inositol peuvent améliorer la réponse à l'insuline et réduire les besoins en insuline, assurant ainsi un meilleur contrôle de la glycémie chez les personnes présentant une résistance à l'insuline.

 

 

Sources :

  • Bizzarri, M. et al. (2023). Myo-Inositol and D-Chiro-Inositol as Modulators of Ovary Steroidogenesis: A Narrative Review. Nutrients 13;15(8):1875

  • Fruzzetti, F. et al. (2019). Treatment with D-chiro-inositol and alpha lipoic acid in the management of polycystic ovary syndrome. Gynecological Endocrinology, vol 35, no 6, 506-510

  • Imanparast, F. et al. (2020). The effects of chromium and vitamin D3co-supplementation on insulin resistance and tumor necrosis factor-alpha in type 2 diabetes: a randomized placebo-controlled trial. Applied Physiology, Nutrition and Metabolism, 45(5):471-477

  • Rondanelli M et al. A 60-Day Green Tea Extract Supplementation Counteracts the Dysfunction of Adipose Tissue in Overweight Post-Menopausal and Class I Obese Women. 2022 Dec 7;14(24):5209

  • Sartore, G. (2021). Effect of a New Formulation of Nutraceuticals as an Add-On to Metformin Monotherapy for Patients with Type 2 Diabetes and Suboptimal Glycemic Control: A Randomized Controlled Trial. Nutrients, 13, 2373

  • Thondre, P.S., et al. (2021). Mulberry leaf extract improves glycaemic response and insulaemic response to sucrose in healthy subjects: results of a randomized, double blind, placebo‑controlled study.Nutrition & Metabolism, 18: 41

  • Yang, C.S., et al. (2016). Mechanisms of body weight reduction and metabolic syndrome alleviation by tea. Food. Res., 60,160-174