La dépression et l’anxiété postpartum

La dépression postnatale (post-partum) et l’anxiété touchent environ 10 à 15 % des femmes et ont un impact important tant sur la mère que sur l’enfant. Comprendre l’interaction entre l’intestin et le cerveau ouvre la voie à des interventions naturelles et efficaces. Lactobacillus rhamnosus HN001 est une souche bactérienne bien étudiée, dont les effets bénéfiques sur l’humeur et l’anxiété ont été observés chez les femmes en période périnatale.

 

Sommaire

  • Soutien sûr après l’accouchement

  • Étude sur les effets de Lactobacillus rhamnosus HN001

  • Réduction de la dépression et de l’anxiété grâce à L. rhamnosus

  • Mécanismes d’action : l’axe intestin-cerveau

    • Modulation immunologique : rôle de l’inflammation et du stress oxydatif
    • Voies neuro-endocriniennes et neuronales : lien entre stress et humeur
    • Interactions métaboliques : métabolites microbiens et neurotransmission
  • Conclusion et perspectives

  • Référence

 

Soutien sûr après l’accouchement 

La dépression et l’anxiété postnatales n’affectent pas seulement la qualité de vie de la mère, mais aussi sa capacité à prendre soin de son enfant et à créer un lien avec lui. Les traitements conventionnels, tels que les antidépresseurs, peuvent être efficaces, mais de nombreuses femmes hésitent à les utiliser pendant la grossesse ou l’allaitement. D’où la nécessité d’interventions non pharmacologiques, sûres et bénéfiques pour la mère et l’enfant.

Étude sur les effets de Lactobacillus rhamnosus HN001 

L’étude Probiotics in Pregnancy (PIP) menée en Nouvelle-Zélande fut le premier essai clinique randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, à évaluer l’effet d’un probiotique sur l’humeur après l’accouchement. Au total, 423 femmes enceintes entre la 14e et la 16e semaine de grossesse ont participé. Le groupe d’intervention a reçu quotidiennement 6 × 10⁹ unités formatrices de colonies (UFC) de Lactobacillus rhamnosus HN001, tandis que le groupe témoin a reçu un placebo (maltodextrine). La supplémentation s’est poursuivie jusqu’à six mois après l’accouchement chez les femmes allaitantes.

Réduction de la dépression et de l’anxiété grâce à L. rhamnosus

Les résultats étaient remarquables : les femmes ayant reçu Lactobacillus rhamnosus HN001 ont rapporté moins de symptômes dépressifs et anxieux que celles du groupe placebo. Elles se sentaient plus stables émotionnellement et moins tendues durant les premiers mois post-partum. Le risque d’anxiété marquée était réduit de 56 % chez les femmes ayant pris L. rhamnosus. Ces effets restaient significatifs même après ajustement pour d’autres facteurs tels que les coliques du nourrisson ou le temps écoulé depuis l’accouchement.

Mécanismes d’action : l’axe intestin-cerveau

L’effet bénéfique de Lactobacillus rhamnosus HN001 sur l’humeur et l’anxiété s’explique par la modulation de l’axe microbiote-intestin-cerveau — un réseau complexe reliant le microbiote, le système immunitaire et le système nerveux central.

a. Modulation immunologique : inflammation et stress oxydatif

La dysbiose intestinale est de plus en plus associée à une inflammation de bas grade et au stress oxydatif : des processus impliqués dans les troubles de l’humeur. En améliorant la composition du microbiote, L. rhamnosus HN001 peut réduire la production de cytokines pro-inflammatoires et ainsi diminuer la neuro-inflammation. Les métabolites bactériens et composés fermentés, tels que les acides gras à chaîne courte et les phytocomposés bioactifs, contribuent également à réduire le stress oxydatif et à promouvoir un profil immunitaire plus favorable.

b. Voies neuro-endocriniennes et neuronales : lien entre stress et humeur 

Le microbiote influence la réponse au stress via l’axe neuro-endocrinien HHS (hypothalamo-hypophyso-surrénalien) et le nerf vague, principale voie de communication entre l’intestin et le cerveau. Le stress chronique active l’HHS, entraînant une élévation du cortisol et des perturbations du sommeil et de l’humeur. L. rhamnosus HN001 peut contribuer à normaliser cette réponse et à rétablir l’équilibre parasympathique.

Via le nerf vague, certains signaux intestinaux peuvent également influencer directement l’activité cérébrale. Des souches de Lactobacillus peuvent réguler l’expression des récepteurs GABA dans certaines zones cérébrales, induisant ainsi un effet apaisant.
 

 c. Interactions métaboliques : métabolites microbiens et neurotransmission

En plus des effets immunologiques et neuronaux, les bactéries intestinales produisent de nombreux métabolites bioactifs capables d’influencer la fonction cérébrale. L. rhamnosus HN001 participe à la production d’acides gras à chaîne courte, de métabolites du tryptophane et d’autres composés neuroactifs qui peuvent moduler les voies sérotoninergiques et dopaminergiques.

 

Conclusion et perspectives

Lactobacillus rhamnosus HN001 représente une approche sûre, documentée et naturelle pour accompagner les femmes durant la période périnatale. En modulant l’axe intestin-cerveau, cette souche contribue à réguler la réponse au stress et à soutenir l’équilibre émotionnel. Intégrée dans une approche globale associant alimentation, hygiène de vie, sommeil et soutien social, L. rhamnosus HN001 constitue une ressource précieuse pour la santé durable de la mère et de l’enfant.  

 

 

Référence 

  • Slykerman R.F. et al. (2017). Effect of Lactobacillus rhamnosus HN001 in Pregnancy on Postpartum Symptoms of Depression and Anxiety: A Randomized Double-Blind Placebo-Controlled Trial. EBioMedicine, 24:159–165.